Que
d’eau, que d’eau ! C’est dans des conditions extrêmes que je m’empare du
clavier, car rien de mieux que de se trouver au cœur brûlant d’une actualité
humide pour décrire la métamorphose d’un joli bus en champ de pagaille. Quand le
plancher devient piscine, quand les compartiments s’improvisent séchoirs et que
k-way et tee-shirts pendouillants dégoulinent sur les accoudoirs pour alimenter
la rigole centrale, eh bien on se croirait à Naples par gros temps. Les
feuilles de sopalin se déroulent, se déchirent, se distribuent, à la chaîne, sans
répit, dans un immense élan de solidarité, afin d’éponger les visages
juvéniles, les chevelures détrempées et les larmes des rescapés.
Vous
l’aurez compris, un vilain orage s’est abattu sur notre groupe, laissant les
plus optimistes et les moins frileux sans la moindre parcelle de peau sèche. Les
prévoyants, eux, s’en sortent mieux. Mais tous, à l’unisson, nous faisons
floc-floc dans nos baskets et goûtons la sensation joyeuse du jean mouillé
enserrant cuisses et mollets.
Tout
avait pourtant bien commencé. A 7H45, les premiers élèves affluent au point de
rendez-vous. L’équipe enseignante, impatiente, trépigne et bombarde d’une verve
enthousiaste les premiers arrivants : Alors ? Comment s’est passée… ?
« Eh ben nous, ça va pas du tout madame, ils sont méchants, il n’y avait
pas de couverts, j’ai mis la pizza dans
mon pantalon et j’avais le ventre tout rouge, et puis y a un bébé qui pleure
tout le temps et … » Stop ! On reprend son souffle et on raconte
calmement. D’autres (ou les mêmes !) : « On a traversé trois
stades avec la valise, j’avais des cloques sur les mains ». Ou encore :
« Ça sent mauvais », « Ben, chez nous ça sent le chien ».
Et une dernière (mais y en a d’autres) : « C’est
sale, j’ai dormi par terre, car il y avait une araignée à 20 cm de mon oreiller ».
Waouh ! Le plus difficile n’étant pas de suivre – même si tout ce petit
monde vous assaille littéralement et que chacun reste parfaitement insensible aux
malheurs de ses acolytes – mais de faire preuve d’un fin discernement. Pour rebondir
sur la pizza dans le pantalon, je crois, chers parents, que vos rejetons sont trop
bien élevés (ou alors totalement traumatisés!), car quand par respect à l’égard
des talents culinaires d’un hôte qui n’en possède aucun, on en vient à un tel
geste, c’est qu’indéniablement une politesse excessive, voire inquiétante, nous
habite. Bref, elle était immangeable cette pizza, ça arrive ! Je tais
évidemment les récits des contents-de-leur-sort : c’est dommage, car ce
sont les plus nombreux (quand même !).
Après ce partage d’expériences fortes, notre joli bus – ignorant encore ce qu’il
allait devoir endurer quelques heures plus tard – nous roule jusqu’à Londres.
Camden Town et plus précisément Camden Market : un quartier atypique, surtout
commerçant, mais aussi artistique (si, si) où le commerce a merveilleusement su éviter
à d’anciennes écuries de sombrer dans l’oubli. Couleurs, odeurs, matières,
musique aussi, nos sens s’égaillent ; on erre de boutiques en étals dans
des ruelles en dédales ; on observe, on achète, on mange et arrive la
pluie. Après vous connaissez.
Point
d’abattement néanmoins, puisque les Studios d’Harry Potter nous attendent. La
dépression laisse place à l’euphorie. Un accueil chaleureux nous y est réservé.
Confortablement installés dans de moelleux sièges de cinéma, nous nous laissons
porter par l’histoire de la formidable équipée Potter. Soudain, levée d’écran.
Une splendide porte de style gothique perpendicular se dessine et invite à s’approcher. Une jeune Cazouline obtient le privilège de la
pousser : Wouah ! La grande salle du réfectoire ! Nous nous y engouffrons,
timidement, impressionnés. C’en est trop ! Les larmes jaillissent, pudiquement,
dignement mais réellement. Les remerciements pleuvent. C’est très émouvant aussi pour le corps professoral
d’assister à une telle scène de joie. J’vous jure, ils nous auront tout fait !!!
Un pur moment de grâce, donc, pour beaucoup de nos collégiens. La suite de la
visite ne déçoit pas, « même les poubelles sont stylées ».
Retour dans les familles. Une belle journée.
1ère série de photos:
Camden Town et Camden Market:
Warner Bros Studio:
L'animal du jour : un héron cendré et hiératique
(Mais non, il n'était pas en plastique !)
To eat or not to eat ?
The storm
Harry Potter studio
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